« Les gens construisent trop de murs et trop peu de ponts »

Isaac Newton

La pensée créative n’est plus un avantage mais devient une condition en période troublée. Lors du Forum économique mondial de Davos, la créativité s’est classée troisième dans la liste des « compétences futures pour les emplois ». Il était encore 10e en 2015… La pensée créative est quelque chose de difficile à enseigner car c’est plus une façon d’être, que d’ une technique.

Prenons le moment dans la  chorégraphie d’une médiation où tous les INTÉRÊTS sont bien exprimés et où les parties doivent chercher les OPTIONS. Ces intérêts sont regroupés par catégorie.

Pour chaque catégorie d’intérêts, qui sont sur la table dans cette phase donnée de la médiation, le médiateur fait en sorte que les parties génèrent des options de solutions. Ce sont toutes les possibilités auxquelles les parties peuvent penser librement et qui peuvent être de nature à satisfaire cette catégorie d’intérêts. Vous pouvez le faire en dressant des listes ou en organisant un brainstorming.

 Un avantage important est qu’une solution au conflit ou au litige n’est pas imposée, comme c’est le cas avec les tribunaux. L’objectif d’un médiateur est de stimuler la créativité des parties de manière à ce qu’elles bougent et trouvent elles-mêmes une solution. Il joue un rôle de médiateur dans ce processus.

Cette phase est cruciale pour le résultat de la négociation : la créativité des parties crée une valeur ajoutée pour elles (une solution « et/ou »). Une gestion réussie de cette phase permet d’obtenir les meilleurs résultats possibles lors des négociations.

L’implication personnelle des parties peut avoir un effet stimulant. Il n’est pas rare que cet engagement débouche sur une situation dans laquelle, après avoir compris les émotions et/ou la résistance de l’autre partie, ils portent un regard plus critique sur leur propre contribution. La voie est donc libre pour mettre de l’eau dans le vin et chercher une solution ensemble.

Quelles sont donc les techniques de créativité qui peuvent être appliquées autour d’une table où il y a un conflit ? Soyons honnêtes, toutes les techniques d’innovation ne sont pas réalistes dans ces circonstances.

1. Associer

En  associant les idées, vous trouverez des idées plus innovantes. Cela se fait généralement de manière automatique, ce qui rend difficile la distinction entre les catégories « inventaire » et « association ».

Les règles de la pensée créative s’appliquent à la technique de  l’association. Vous pouvez discuter de l’inventaire : avons-nous toutes les possibilités ? Mais si vous voulez que les associations émergent librement, vous devez leur faire de la place. Vous y parvenez en reportant le jugement, en ne critiquant pas, en vous associant aux idées des autres. Aucune idée n’est trop folle, c’est très important ici. Il s’agit d’une tâche essentielle du médiateur.

Les techniques de brainstorming visuel à l’aide de post-it ou de cartes mentales peuvent vous aider.

2. Provoquer

Les méthodes qui utilisent la provocation remettent en question les hypothèses existantes afin d’élargir le champ des nouvelles idées.  Que se passe-t-il lorsque vous remettez en question cette hypothèse en demandant : comment faire différemment ? Et si je le faisais différemment ? Que se passe-t-il si je fais le contraire ? Puis vous trouvez d’autres idées.

Les techniques de cette catégorie comprennent l’utilisation de métaphores, de stimuli aléatoires, de questions absurdes.

Dans tous les cas, soyez prudent avec cela. Assurez-vous que les participants comprennent pourquoi vous leur demandez de faire « ce genre de choses folles ». Cela n’est possible que si la confiance entre les parties est bien fondée et que toutes les parties travaillent à la solution finale.

3. Confronter

Cette catégorie de techniques semble passionnante, mais elle est tout à fait réalisable, même pour les créatifs les moins expérimentés. Comment ces méthodes fonctionnent-elles ?

Analysez votre problème et déterminez quels sont les problèmes ou les goulets d’étranglement les plus importants à résoudre.

Pour les problèmes les plus importants : regardez dans quelles autres situations vous pouvez trouver les mêmes problèmes et comment ils sont traités dans cette autre situation.

Essayez d’appliquer le principe de cette autre situation à votre problème initial.

4. Utilisez votre intuition

Ils utilisent la synthèse et l’intuition, ce qui peut les rendre un peu nébuleux. Tout le monde n’aime pas cela. Ce qui aide en tout cas, c’est de se laisser aller !

L’intuition est utilisée pour les questions qui ne peuvent être résolues par la seule logique, comme les questions de vision ou d’identité. L’utilisation d’images, qu’elles soient littérales ou non, permet à notre pensée logique de s’évader : dans certaines situations, c’est exactement ce dont une question a besoin.

5. Techniques liées aux outils

Bien sûr, il existe un certain nombre de techniques plus complexes liées à des noms familiers tels que le brainstorming selon Osborn, la pensée latérale selon de Bono ou TRI & ARIZ (théorie de la résolution inventive des problèmes), mais celles-ci sont plus souvent utilisées à des fins d’innovation et, avouons-le, le médiateur doit aussi rester pratique et concret.

La conclusion de cette contribution est plutôt que la créativité dans la médiation est une question de processus et d’attitude plutôt que de techniques. Le médiateur joue un rôle essentiel à cet égard, car il crée l’espace et une attitude constructive pour permettre aux parties de rechercher des solutions créatives !

Roland De Wolf

Mai 2021

www.fb-mediation.com